Qu'est-ce que la dysorthographie ?

Dysorthographie : quelle définition lui donner ?

Il est fréquent d’entendre parler de troubles « dys » dans une conversation de parents inquiets. Un enfant est dyslexique, un autre est dysphasique, ou encore dyscalculique, et parfois il peut être un mélange de deux ou trois « dys » à la fois. On parle alors de « comorbidités », c’est-à-dire de troubles associés. Le terme n’est pas très engageant, alors essayons d’y voir un peu plus clair en nous attardant sur la définition de la dysorthographie.

Définir la dysorthographie : un trouble « dys » parmi d’autres

Il convient de ne pas confondre la dysorthographie avec la dysgraphie. Dans les deux cas, il s’agit d’une altération spécifique du langage écrit. La dysorthographie porte davantage sur l’incapacité d’appliquer les règles orthographiques en production d’écrit. L’encodage des graphèmes et des sons ne s’effectue pas correctement, et la représentation mentale des mots est inexistante. La dysgraphie quant à elle, se caractérise par la difficulté à effectuer le geste graphique de l’écriture. La formation des lettres fait appel à la motricité fine. L’absence ou la faiblesse de celle-ci rend le geste d’écriture pénible. Ces deux pathologies sont généralement associées à une dyslexie.

Les premiers signes

La dysorthographie se caractérise par une altération importante de l’écriture spontanée ou dictée. Les premiers signes se manifestent généralement en milieu scolaire, lors des premiers apprentissages de la lecture et de l’écriture. L’acquisition de l’orthographe étant complémentaire à celle de la lecture, il semble logique qu’un déchiffrage pénible vient court-circuiter l’assimilation des règles orthographiques. L’enfant dysorthographique ne parvient pas à mémoriser la forme globale des mots rencontrés, alors même qu’aucune déficience intellectuelle ou sensorielle n’est observée. Certains signes peuvent alerter :

  • Écriture lente et irrégulière ;
  • Écriture en phonétique ;
  • Nombreuses fautes d’orthographe, même dans des phrases courtes ;
  • Incapacité à segmenter les mots dans une phrase ;
  • Ajout, oubli ou inversion de lettres dans un mot ;
  • Oubli des lettres muettes ;
  • Oubli de mots dans une phrase ;
  • Confusion des sons.

On note également que les personnes souffrant de dysorthographie, manifestent rapidement des signes de fatigue et d’évitement dès qu’il s’agit d’effectuer diverses activités liées à l’écriture.

Les causes

Les causes de la dysorthographie ne sont pas encore clairement établies. On sait néanmoins qu’elles sont de nature neurologique. Ce trouble est la conséquence d’un dysfonctionnement dans le développement cognitif de l’enfant, et non d’un éventuel handicap mental ni d’une maladie psychiatrique. Pour comprendre les origines de la dysorthographie, il faut s’intéresser aussi à celles de la dyslexie, puisqu’elles sont intrinsèquement liées : selon un rapport d’étude publié par l’INSERM (Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale). « Toutes les recherches portant sur l’apprentissage et le développement considèrent que les troubles de la PO [Production Orthographique] sont systématiquement associés à ceux de la lecture, et notamment à la dyslexie ». Certaines hypothèses sont avancées :

  • Le facteur génétique et héréditaire ;
  • La présence de dyslexie ;
  • Un défaut de concentration et d’attention ;
  • Un défaut de conscience phonologique ;
  • Évolution dans un environnement peu propice à valoriser l’écriture.

La dysorthographie peut également être favorisée par certains facteurs de risque tels que la souffrance néonatale, la prématurité, certains troubles psychologiques et comportementaux freinant les apprentissages, etc.

Comment reconnaître la dysorthographie ?

Les tests pour poser le diagnostic

Plusieurs démarches sont possibles pour dépister une dysorthographie. La liste suivante n’est pas exhaustive, mais elle permet de savoir par où commencer quand on se sent démuni face à ses doutes.

Écarter une éventuelle déficience mentale ou sensorielle : un check-up s’impose au préalable, pour ainsi éliminer toute anomalie qui pourrait favoriser l’altération de la reconnaissance globale des mots. Un trouble de la vision peut tout à fait être à l’origine d’une incapacité à lire correctement, et donc à mémoriser la bonne orthographe des mots. Un déficit auditif peut également empêcher la bonne entente des phonèmes (sons), et créer une confusion lors de leur encodage en graphèmes (lettres écrites).

Le test ODEDYS : cet outil permet de détecter rapidement la présence d’un trouble de dyslexie. Ce test est incomplet et ne permet pas un diagnostic définitif. Il convient alors de consulter l’orthophoniste pour approfondir le dépistage, et éventuellement identifier une dysorthographie associée.

Effectuer un bilan orthophonique : chez l’enfant, c’est l’enseignant qui, la plupart du temps, est le premier témoin du trouble dysorthographique. Le personnel éducatif est de plus en plus sensibilisé à ce type de dysfonctionnement. Il peut observer ces anomalies quand elles sont récurrentes chez certains élèves, et ainsi alerter les parents. Ceux-ci ont alors la possibilité de demander un bilan auprès d’un orthophoniste. Ce bilan permet de poser le diagnostic du trouble, mais également d’évaluer son degré de gravité chez le patient. Suite à ses conclusions, le professionnel de santé sera en mesure d’établir un plan de suivi pour aider l’enfant à pallier les problèmes liés à sa scolarité.

Effectuer un bilan neuropsychologique ou pluridisciplinaire : ce bilan est complémentaire à celui de l’orthophoniste. Plusieurs spécialistes (neuropsychologues, psychomotriciens, ergothérapeutes, etc.) identifient ou écartent des hypothèses de troubles envisagées, pour mieux cibler la prise en charge à proposer au patient.

Les différentes formes de dysorthographie

Qu’il s’agisse d’une dysorthographie « de développement » (innée à la personne) ou « acquise » (qui est apparue à la suite d’un traumatisme), on en distingue 4 types :

  • Dysorthographie phonologique : c’est l’incapacité de convertir les sons en lettres écrites. Les mots fréquents, comme les mots nouveaux, sont mal orthographiés.
  • Dysorthographie lexicale ou « de surface » : aussi appelée dysorthographie dyséidétique, elle se traduit par la difficulté à mémoriser l’orthographe des mots sur du long-terme. On observe alors une écriture phonologique. C’est le cas de mon fils qui, à 13 ans, continue d’écrire un mot tel qu’il se prononce.
  • Dysorthographie mixte : on retrouve l’ensemble des caractéristiques évoquées précédemment. 
  • Dysorthographie visuo-attentionnelle : le sujet se laisse facilement distraire et il lui est impossible d’extraire les éléments essentiels et pertinents dans une masse d’informations.

Accompagner un enfant dysorthographique

Les aides possibles

Il existe plusieurs dispositifs pour accompagner l’enfant dysorthographique :

Le PPRE (Programme Personnalisé de Réussite Éducative) et le PAP (Plan d’Accompagnement Personnalisé) : ce document, établi par l’équipe pédagogique et la famille, précise les différents aménagements mis en place pour permettre la continuité scolaire. Ils peuvent prendre la forme d’une attribution d’un ordinateur pour la prise de notes, de temps supplémentaire lors d’un examen, d’un allègement de la charge d’écriture, etc. Sa mise en place résulte souvent du dépistage d’un trouble sévère et durable de l’apprentissage.

L’attribution d’une AVS (Auxiliaire de Vie Scolaire) : elle veille à ce que l’enfant puisse poursuivre sa scolarité dans les meilleures conditions, en lui apportant un soutien concernant la méthodologie, l’organisation ou la gestion du matériel.

Les exercices de rééducation ou de compensation : pour faire suite au diagnostic, différents professionnels de santé peuvent être amenés à intervenir et constituer un suivi pluridisciplinaire. Chacun dispose d’un panel d’exercices en fonction du problème spécifique à traiter. Ces exercices favorisent l’assimilation de la correspondance entre les sons et les écrits, des règles d’orthographe, de grammaire et de leurs exceptions. La création de moyens mémo-techniques peuvent aider à faciliter ces apprentissages également. Vous pouvez également découvrir certains exercices visant à améliorer et développer la motricité fine, indispensable dans la gestuelle de l’écriture, en lisant l’article : « Développer la motricité fine avec de jeux que les enfants adorent ».

L’orientation dans une Classe d’Intégration Scolaire (CLIS) ou un établissement spécialisé.

Le recours à une association consacrée aux troubles « dys », qui permet de dialoguer et d’éviter le sentiment d’isolement.

Vivre avec la dysorthographie

Comme bon nombre de troubles de l’apprentissage, la dysorthographie est durable et permanente. Un enfant atteint de trouble « dys » le restera toute sa vie, mais la prise en charge qu’il aura reçue lui permettra de compenser certaines déficiences, ou de maîtriser l’art de contourner les obstacles. Cependant, vivre avec une dysorthographie n’est pas simple et peut engendrer de lourdes répercussions sur la vie de celui qui en souffre. Chez le jeune, on peut noter une scolarité compliquée par :

  • Une mauvaise tenue des cahiers ou du matériel ;
  • Une baisse de motivation due au notes qui ne reflètent pas le travail fourni ;
  • Un manque de confiance en soi ;
  • Une faible prise de parole ;
  • Un manque de compréhension de la part de certains enseignants ou d’élèves.

Ces obstacles peuvent mener un jeune vers des écueils plus handicapants pour sa vie d’adulte. Des problèmes comportementaux peuvent apparaître : une dévalorisation de soi-même, des troubles affectifs, ou encore des complications à s’insérer professionnellement. Cela prouve l’intérêt majeur de dépister ces troubles le plus tôt possible, afin d’éviter l’échec scolaire et d’être confronté plus tard à ce genre de situation. Le soutien de l’entourage est primordial pour aider un jeune à vivre sa dysorthographie du mieux possible. Voici quelques pistes pour « aider un enfant en difficulté en écriture ».

Nous en apprenons de plus en plus sur la dysorthographie et son lien étroit avec la dyslexie notamment. Il est important de retenir que malgré les épreuves qui jalonnent le parcours d’un jeune dysorthographique, de nombreuses choses sont mises en place afin que celui-ci puisse découvrir et exploiter son potentiel. Pour plus d’informations sur le sujet, je vous invite à parcourir ce blog et partager les articles qui vous intéressent.

Sources :

https://eduscol.education.fr/1214/mettre-en-oeuvre-un-plan-d-accompagnement-personnalise

https://www.vie-publique.fr/sites/default/files/rapport/pdf/074000190.pdf

https://www.ameli.fr/oise/assure/sante/themes/troubles-langage-ecrit/definition-consequences-facteurs-favorisants

https://orthophonie.ooreka.fr/comprendre/dysorthographie

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